dimanche 13 juin 2010

Pédophilie - Approche d'une femme généreuse

Vendredi, à Paris, j'ai eu le privilège de connaître une femme généreuse et courageuse. Latifa Bennari a subi, pendant de trop longues années, le calvaire de l'enfant violé par un proche de sa famille. Cette expérience traumatisante l'a motivée à s'engager pour la cause des victimes de transgressions sexuelles.

Au cours des dernières années, elle a fini par réorienter ses initiatives afin de contribuer à un travail innovateur de prévention de la pédophilie. Elle s'est intéressée de près aux auteurs et aux auteurs potentiels. Ceux (et celles) qu'on n'arrive pas à "guérir" de leur attirance sexeuelle, peut-on mieux les encadrer, les assister, pour prévenir le passage à l'acte ou pour empêcher des rechutes?

Je pense que chacun de nous peut s'imaginer l'envergure de la tâche - une réelle mission de Sisyphe, comme diraient nos amis allemands. Il faut du cran pour aller à l'encontre des écoles orthodoxes. Il faut en finir avec l'attitude de la condamnation sans pitié et de la diabolisation inconditionnelle. Il faut de la persévérance pour être disponible 24 heures sur 24 - dans un bénévolat allant bien au-delà des critères usuels. Et quel travail sur soi-même pour cette ancienne victime! Depuis très longtemps, cette femme au coeur très grand et à 'intelligence fine a quitté le personnage de la victime pour acquérir un trésor solide d'amour de soi, de respect et de générosité. Et elle impressionne par des compétences riches qu'on ne peut acquérir que dans l'implication permanente sur le terrain tout comme dans la confrontation courageuse avec des équipes multiprofessionnelles.

Pour celles et ceux qui aimeraient en savoir plus, je leur recommande chaudement le bouquin qu'elle a sorti en 2002:
Latifa BENNARI, La fin d'un silence. Pédophilie: une approche différente , AD2 Editions, 2002.

Et au Luxembourg, qu'en est-il? J'ai à coeur de saluer et de souligner des initiatives développées au Centre Pénitentiaire de Luxembourg par quelques thérapeutes et les membres de l'équipe de l'aumônerie.

La lutte contre la pédophilie requiert entre autres une meilleure prise en charge des auteurs effectifs et potentiels. Il y va d'options à la fois politiques, judiciaires, thérapeutiques et sociales. J'ai invité Latifa Bennari à revenir au Luxembourg pour nous aider à mettre en route un projet durable d'assistance et de soutien.

Il y va du respect pour des concitoyens qui méritent d'être considérés dans une approche d'empathie. Il y va surtout des droits fondamentaux d'enfants aspirant au bonheur affectif.

Schoos, le 13 juin 2010.

Mill Majerus

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