mercredi 3 mars 2010

Je suis coupable en Eglise!

J'ai honte. Mon Eglise, à travers de trop nombreux de ses serviteurs ordonnés, a péché de façon abjecte et humainement impardonnable. Par les actes de prêtres, chargés de proclamer la Bonne Nouvelle d'Amour et de Liberté, mon Eglise a violé des enfants sans défense. Elle les a blessés, meurtris, étouffés, dans leur corps, dans leur âme, dans leur joie de vivre, dans leur foi et dans leur espérance. Elle les a cruellement marqués, les a stigmatisés, fragilisés, hypothéqués -souvent pour le restant de leurs jours.

Trop de serviteurs d'église! Trop d'enfants! Trop de sévices! Trop d'horreurs! On ne peut plus - mine de rien - passer à l'ordre du jour.

Peut-on encore avoir confiance?
  • Confiance dans nos prêtres qui sont envoyés dans nos communautés avec une mission de bons pasteurs?
  • Confiance dans nos évêques chargés de présenter aux victimes les excuses de mon Eglise?
  • Dans ce "Peuple de Dieu" qui, sans aucune fierté, reste tacite face aux horreurs?
  • Dans ces fidèles qui, parfois, prient leur Dieu pour échapper à d'autres scandales?

Peut-on avoir confiance tant que des membres de mon Eglise se comportent comme si les victimes étaient coupables - ne fût ce que pour le fait de "révéler" les sévices subis, les horreurs endurées et les bourreaux responsables?

Peut-on avoir confiance tant que des parents membres de mon Eglise - et ce depuis trop de décennies - ferment les yeux, se bouchent les oreilles, ignorent les transgressions, les taisent, les nient, les bagatellisent?

Oui, j'ai honte. Dans un domaine où mon Eglise (mieux mon église), avec une dureté de coeur sans pareil, a jugé et condamné les moindres fautes, a brisé, frappé, écrasé. Et face aux crimes commis, elle a pris l'option de passer l'éponge miséricordieuse. Quelle miséricorde? Au nom de qui? Et au bénéfice de qui?

Mon église a été - et risque de rester - un gang mafieux. Cette église - mon église - a trompé. Elle pervertit le message d'amour qui justifie sa fondation. Elle abuse de celles et de ceux dont elle est appelée à garantir le salut. Elle humilie les fidèles qui la rejoignent le coeur pur. Elle ridiculise ses serviteurs honorables qui, avec elle, s'exposent à la suspicion et à la mise en cause.

Que puis-je faire de cette église, mon église, dont je ne puis qu'être co-responsable? Comment gérer cette honte qui me pèse? Les excuses ne suffisent point - nosseigneurs les évêques et chers coéquipiers des communautés d'église! Ce serait trop simple. Ce serait lié au risque de prolonger l'abus.

Dans mon église, nous ne serons crédibles que si

  • nous secourons les victimes dans leurs souffrances...
  • nous dénonçons ouvertement les transgressions au sein de nos communautés...
  • nous veillons à un meilleur recrutement de nos serviteurs ordonnés...
  • nous encadrons nos prêtres de façon plus appropriée...
  • nous les autorisons à s'engager dans des relations affectives authentiques et véridiques...
  • nous abandonnons une fois pour toutes toute attitude de supériorité hautaine...
  • nous redécouvrons l'esprit du message que Jésus nous confie...

Jésus et sa bonne nouvelle méritent mieux que les agissements de mon église. En tant qu'église il nous appartient maintenant de réagir au plus vite en faisant preuve d'humilité, de courage et de force. Sinon, il vaudrait mieux que mon église démissionne, qu'elle déclare sa faillite et se taise à jamais.

Je suis co-responsable de mon église et je me sens sans trop de moyens. Que répondre quand sonneront les cloches dimanche prochain?

Schoos, le 3 mars 2010.

Mill Majerus

1 commentaire:

  1. hei nach ee ganz kriteschen kommentar zum selwechten thema: http://www.sokrates.lu/node/2512

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