lundi 14 septembre 2009

Des jeunes qui font peur!

Samedi passé, à Munich, dans une gare de banlieue, des jeunes tentent de racketter des adolescents. Un homme de 50 ans fait preuve de civisme. Il intervient pour calmer le jeu et pour protéger les ados. D’après les témoins, il est calme et essaie de raisonner les agresseurs. A la sortie de la station, ceux-ci lui tombent dessus et le battent à mort.


Cet incident qui témoigne d’une cruauté effrayante ne manque pas de nous interpeller : acteurs sociaux, responsables politiques, magistrats, journalistes, éducateurs, enseignants ou simples citoyens. Cela d’autant plus, que l’agression de samedi rappelle de nombreux crimes et délits semblables. La violence exercée par certains jeunes est à l’ordre du jour et semble entrer dans la banalité des « faits divers ». Que nous vivions à Munich, à Paris, à Bruxelles ou même au Luxembourg, nous risquons, dans les gares, trains, parcs ou rues nocturnes, de nous exposer à des agressions, souvent gratuites, de jeunes criminels faisant fi des conséquences potentielles de leurs actes.


De tels incidents suscitent des réactions émotionnelles, spontanées, épidermiques et très véhémentes. Je renvoie aux commentaires publiés sur Internet. Faut-il relever que la presse à sensation ne loupe pas sa chance pour semer les graines perverses d’une justice revancharde. D’aucuns – journalistes, observateurs, responsables politiques, citoyens – n’hésitent point à revendiquer des réponses politiques à tendance fondamentaliste : suspicion, xénophobie, racisme, dénonciation, surveillance omniprésente…


Il ne peut être question ni de banaliser, ni d’excuser les faits. La mise à mort d’un homme qui agissait en citoyen responsable en assumant de façon exemplaire la mission d’un médiateur pacifique est un crime abominable. Faut-il, pour cette raison renoncer aux vertus civiques dont faisait preuve la victime de samedi : la sérénité, la souveraineté, la loyauté, le respect, le dialogue ? Et quel serait le prix affreux que nous tous, nous devrions payer ? Ne serait-ce pas l’abandon, du moins partiel, des acquis précieux de la liberté, de la tolérance, de la fraternité et de la démocratie ?


Je pense que notre réaction d’effroi résulte en partie de notre impuissance face au phénomène. De fait, les acteurs sociopolitiques que nous mandatons pour endiguer le fléau de la violence juvénile, de quels instruments d’action disposent-ils ?


Nos sociétés, depuis des décennies, investissent des moyens considérables pour développer, au sein des quartiers et des écoles en particulier, des réseaux d’accueil, d’animation, de consultation, de guidance sociale et de médiation. Beaucoup d’observateurs considèrent qu’il est indispensable de renforcer ces politiques. De même, il faut mieux épauler les jeunes pour renforcer leurs chances de réussite scolaire et d’insertion professionnelle. Un défi délicat à une époque où le chômage, partout en Europe, fait ses ravages. Et puis, il s’agit de faire face à l’alcoolisme et à la toxicomanie, deux fléaux qui menacent en premier lieu des jeunes en marge, marqués par les expériences malheureuses de l’exclusion sociale. Et nous voilà partis dans les mille et un méandres d’un cercle vicieux désarçonnant !


Ces considérations ont pourtant le mérite de nous faire réaliser que la solution de la punition sans pitié ne pourrait porter que des fruits pervers. Pour autant que possible, la condamnation des jeunes auteurs doit aller de pair avec des mesures de réparation, de formation et d’intégration. Si l’étude de leurs cas ne peut servir d’excuse, elle devrait nous servir de leçon pour que nous puissions adapter nos dispositifs de prévention, d’intégration et de participation.


De même, nous devrions instituer des alliances fortes pour lutter plus efficacement contre la banalisation de la violence physique, psychique, sociale et sexuelle dans de nombreux médias et surtout sur Internet. De quel droit condamnerions-nous des jeunes criminels alors que certaines images sociales constituent des exhortations ouvertes au recours à la violence ? Dans ce contexte, méfions-nous de « stigmatiser » les jeunes ? Qu’en est-il de l’exemple des adultes ? Qu’en est-il des agressions ouvertes et sous-jacentes que nous subissons et que nous exerçons au jour le jour, dans nos familles, sur les routes, dans les cours d’école ou dans nos bureaux ?


Il reste la leçon d’un citoyen munichois courageux. Il a su rappeler et exercer les valeurs sociales qui fondent des communautés libres, ouvertes et conviviales. Si la peur nous empêchait de suivre son exemple, il serait mort pour rien. A condition d’ouvrir nos yeux et nos oreilles, nous découvrons, au sein de nos cités, de nombreux autres médiateurs courageux. Parmi eux des jeunes et des vieux, des femmes et des hommes de toute race, de toutes origines sociales et culturelles ! Je nous souhaite d’adhérer à leur réseau.


Schoos, le 14 septembre 2009.


Mill Majerus

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