lundi 7 décembre 2009

Kennedy à Kigali

Le 5 décembre, nous avons fêté la journée mondiale du bénévolat. Dans le contexte de l'engagement volontaire, on cite souvent l'ancien président des Etats-Unis d'Amérique, John F. Kennedy: "Ne demande pas seulement, ce que ton pays peut faire pour toi. Réflécihs à ce que tu peux donner à ton pays!"

Il y a quelques semaines, en tant que député et président de notre commission parlementaire de l'égalité des chances, j'ai eu le privilège de voyager à Kigali et d'y participer, en tant qu' "expert ", à un séminaire au parlement rwandais.

La manifestation a été clôturée le vendredi soir, plus tôt qu'initialement prévu, pour que les "honorables" - députés et sénateurs - puissent contribuer aux "travaux communautaires" du samedi matin. Le 21 novembre, de bonne heure, nous - experts étrangers - avons été invités à rejoindre les citoyens d'une grande commune de la capitale - Kigali - dans les pentes abruptes de deux collines pour participer à une plantation d'arbres. "Pour éviter l'érosion des sols!", telle l'explication du bourgmestre.

10.000 plants ont été distribués, et au moins 3.000 citoyens ont participé à l'action: des femmes et des hommes, des enfants et des vieillards, les employés d'entreprises implantées dans le quartier tout comme des personnes sans travail, des "rescapés" du génocide tout comme des anciens auteurs, des hutu et des tutsi... Parmi eux - en-dehors de toute présence médiatique - deux vice-présidents du parlement et bien d'autres notabilités.

Après le travail, les responsables ont communiqué à la communauté les actualités politiques aux échelons municipal et national.

Au Luxembourg, en matière de volontariat, avons-nous des leçons à recevoir? En rédigeant ce message, je sors d'une répétition de notre chorale paroissiale. Rien que des bénévoles, y compris l'organiste et le "chef". Ce matin, dans le cadre de la permanence du groupe parlementaire auquel j'appartiens, j'ai rencontré Lynn. Elle est au chômage, mais investit chaque semaine au moins une vingtaine d'heures dans son engagement bénévole auprès des services de secours de sa région. Au Luxembourg, un citoyen sur 4 travaille à titre volontaire et preste en moyenne 4 heures par semaine. Cet engagement peut être évalué à l'équivalent d'au moins 8.000 postes à plein-temps.

L'exemple rwandais m'a néanmoins impressionné: la participation collective, une fois par mois, au service direct de la communauté. Quelle belle façon de vivre et de partager sa citoyenneté! Et ceci dans un pays qui, en 1994, a subi un drame déchirant.

Nous aussi, en ce moment, nous vivons des moments de crise: des crises écononomiques et financières. Nous devons nous demander si ces crises ne sont pas alimentées - en partie du moins - par d'autres ruptues qui elles touchent aux valeurs sociales et citoyennes de nos communautés.

Dans beaucoup de communes, une fois par an (sic!), les responsables locaux invitent leurs concitoyens à participer à des "travaux communautaires" (nettoyage le long des routes). L'appel ne suscite guère l'enthousiasme. "On retrouve chaque an les mêmes indestructibles qui refusent de désister leur bourgmestre!" Dommage!?! Le Rwanda fait mieux.

Le bénévolat associatif, si cher aux Luxembourgeois, le bénévolat d'orientation personnelle, le bénévolat d'épanouissement individuel: ils ont leur place. A condition toutefois que nous ne perdions de vue notre citoyenneté de base, notre disponibilité d'entraide, notre cohésion communautaire, notre volonté ferme d'adhérer ensemble à un code commun de droits et d'obligations.

Kennedy et Kigali - espérons-le - au Luxembourg!

Schoos, le 7 décembre 2009.

Mill Majerus

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